histoire

Le plateau du Somail est isolé, d'accès peu aisé, le climat y est rude, la vie est austère. C'est pour cela que cette terre semble avoir traversé les époques et les évènements sans que ceux-ci n'y aient laissé une forte empreinte. Pourtant on trouve sur ces terres difficiles et mystérieuses des vestiges des temps lointains...



- Le menhir de Picarel : Ce monolithe de gneiss, d'une hauteur de 2 m et d'une largeur de 1 m se situe sur la route départementale D169, à 3 kms de Fraïsse . Il semble s'agir de la table supérieure d'un dolmen qui fut transférée et plantée verticalement par les habitants de Fraïssé vers 1865.



- Le dolmen de la Gante : Ce Domen se situe sur la départementale D64, allant de Labastide-Rouairoux à la Salvetat, en bordure du plateau. Il s'agit de deux dalles de 3 m sur 2 m supportant une troisième d'environ 4 m de diamètre.





La légende du dolmen : C'est la vierge Marie qui aurait apporté là ces trois rochers. Elle était allée les chercher dans la montagne noire afin d'aider les gens du Soulié à batir leur église. Il avait été convenu que les solariens viendraient chercher les pierres à la Gante. Malheureusement, Ceux du Soulié s'arrétèrent au cabaret de la Miellouane et finirent par oublier le rendez-vous. Fatiguée d'attendre la Sainte Vierge laissa les rochers au lieu prévu.

- Les tombes de la Gante : En 1859, J Sémat relate avoir vu dans un terrain en friche, à une centaine de mètres du dolmen, sept ou huit tombes dénudées par le temps. Les fosses avaient un revètement intérieur de pierres plates surmontées d'une dalle en guise de couvercle.
Nous n'avons pu retrouver ces tombes. Il serait intéressant de les mettre à nouveau à jour.

- La pierre sacrificielle de Malbosc : Non loin du château, dans le bois de Malbosc se trouve un rocher. Sur sa partie supérieure une cavité d'une dizaine de centimètres de diamètre semble avoir été creusée. Elle est prolongée d'une saignée taillée dans la pierre. D'aucuns disent que cette pierre servait à des sacrifices dans des temps immémoriaux.

Rome ne s'est guère intéressée au Somail. Le pays est montagneux, austère, pauvre. L'empire a rayonné sur tout le versant méditerranéen du Languedoc, prospérant au soleil et dans les plaines. Il n'a que peu pénétré l'arrière-pays et la montagne Languedocienne. Vous ne trouverez donc pas de vestiges importants de cette période. On peut tout de même signaler l'existence d'une ancienne voie romaine passant sur le plateau et permettant de rejoindre le versant atlantique au versant méditerranéen (de La Salvetat à Saint Pons).

Cette route montait directement de La Salvetat sur le plateau selon le tracé actuel de la N 607. Puis, du col de la baraque, elle allait vers la Blanque en passant à Bernicot et à Camifarrat (chemin ferré en langue d'oc), prés de Caudezaures. A la Blanque, elle franchissait l'Arn et montait au signal de Saint Pons par le ravin de Chinchidou pour se précipiter dans la vallée du Jaur.


  • Les invasions barbares
Au 5ème siècle (412), Les Wizigoths envahirent le sud de la Gaule et la péninsule ibérique. De souche germanique, ils venaient d'Ukraine. D'autres tribus, prirent part à l'effondrement de l'empire : les Francs, les Alamans, les Vandales, les Alains, les Suèves, les Burgondes. Les Wizigoths fondèrent donc un puissant état dont la capitale fût Toulouse.
Notre région s'appelait alors la Septimanie (actuellement le bas-Languedoc). Au début du 6ème siècle (bataille de Vouillé, 507) les Francs conquirent peu à peu le royaume Wizigoth. Clovis annexa tous les pays entre la Loire et les Pyrénées en s'abstenant de prendre la Septimanie (pour ne pas heurter le royaume Ostrogoth d'Italie). La région du Somail devint alors la frontière entre Royaume Franc et possessions Wizigothes. La ligne les séparant passait par Anglès et le Soulié.


Sur le plateau même on ne trouve nulle trace de la période Wizigothe. A Castanet le Haut, massif de l'Espinouse, on peut voir des vestiges d'habitations.

Puis vinrent les invasions sarrasines au 8ème siècle. Les maures occupèrent alors Narbonne et le Roussillon.

C'est le roi Franc, Pépin le Bref qui repoussa les sarrazins au-delà des Pyrénées entre 752 et 759. Le languedoc sera alors ancré au royaume Franc par la prise en main de Charlemagne et une colonisation Franque importante.


  • Au moyen-âge
Période trouble pendant laquelle le plateau ne fut pas épargné par les évènements. Se situant aux limites des possessions Toulousaines et Biterroises, il fût un enjeu stratégique car il permettait le passage du Biterrois à l'Albigeois.
D'abord terres des vicomtes de Minerve Le Somail et sa région entrèrent dans le domaine des vicomtes de Béziers-Carcassonne au début du 12ème siècle (Bernard-Aton 4). D'autre part, La Salvetat et Saint pons étaient sous l'autorité de l'abbaye de Saint Pons. Ces deux pouvoirs se heurtèrent maintes fois concernant la possession ou l'usurpation de terres et de forêts notamment sur notre plateau.

La croisade contre l'hérésie cathare débuta en 1209. Une puissante armée envahit les terres du vicomte Trencavel (Béziers-Carcassonne) qui refusait de se soumettre aux dictats de l'église et de l'armée d'invasion. Après de longues années de guerre, ses possessions et celles des résistants à l'invasion furent usurpées par Simon de Monfort, le nouveau vicomte. La région du Saint-Ponnais fût épargnée par les massacres et la ruine simplement par le fait que la résistance y fût faible. L'abbaye de Saint Pons était évidemment du côté de la croisade et Pons, seigneur d'Olargues se rangea bien vite du côté du plus fort. On signale cependant le cas de Isarn de Brassac dont les terres fûrent confisquées pour avoir pris le parti de l'hérésie et de la liberté.

Sur la croisade et les cathares : www.cathares.org

En 1226, le fils de Simon de Monfort, incapable de garder son domaine, le donna au roi de France, Louis VII.
Jusqu'à la révolution la contrée fut dirigée par le bailli d'Anglès pour le compte de la sénéchaussée de Carcassonne.
De cette passation de domaine, seuls restent comme témoignages des dénominations de lieux, par exemple : le bois du Rey (Roi).


Plus tard, ce furent les guerres de religion qui ensanglantèrent le plateau. Aux 16ème et 17ème siècles, protestants et catholiques se partageaient le pays. Le Somail était un lieu d'affrontement. Henri de Rohan , figure du protestantisme et chef de l'insurrection méridionale traversa de nombreuses fois le pays. En Septembre 1625, il passa par le plateau à la croix del bessou et descendit attaquer Saint Pons.




La croix del bessou



Certains châteaux du Somail, par leur architecture et leurs défenses, nous remémorent l'époque des guerres de religion.


  • Les châteaux du Somail
- Le château de Malbosc :Le château originel (17 ème siècle) n'existe plus. L'édifice actuel a été construit après la première guerre. Le domaine de Malbosc se situe dans le bois du même nom.


- Le pont : Le domaine du pont se situe au bord de l'Arn.


A remarquer : Le trou du curé. Face au château, une cache improvisée pendant la révolution qui servit à protéger des contre-révolutionnaires dont le curé Pontier.


- Le château de Gransagnes : Château du 17ème siècle, Gransagnes est là pour rappeler la période trouble des guerres de religion. Le Somail fut le théâtre de combat entre huguenots et papistes. On remarque les échauguettes protégeant les accès.

Ce remarquable édifice tombe malheureusement en ruine. Il est urgent d'en assurer la sauvegarde.



  • XVIII et XIX ème siècle
1708 semble être la date de naissance de notre village "Le Soulié", transcription phonétique du mot occitan "solier" : grenier, étage, fenil.

En 1866 la population du Soulié avoisine les 1200 âmes. Le plateau du Somail est peuplé. Le paysan vit du produit de la terre, il cultive son verger, il pêche et chasse. Les "gavachs" du plateau descendent se louer dans la plaine : pour les vendanges par exemple.


  • le XX ème siècle ou les grandes saignées
Comme partout en France, la grande guerre (1914-1918) laisse notre plateau exsangue. Beaucoup d'hommes partent au front, beaucoup y meurent tel Pierre Rouanet. Les autres reviennent blessés, gazés, détruits.
Comment ce monde rural, pauvre, difficile peut-il survivre à cette saignée ? En 1936 le recensement annonce 384 personnes sur la commune du Soulié...

Après la guerre arrive l'exode. Le pays est rude, pauvre, isolé. Le progrés arrive lentement sur le Somail : quelques machines agricoles, les transports. Cependant, dans la plaine, la vie est plus facile, le climat meilleur. Ainsi, "les gavachs" descendent à Beziers ou Montpellier. Malgré tout, ils gardent avec leur pays des liens puissants : la famille, une maison, un champ, une lande. Ils sont profondemment attachés à leur terre. Les racines sont profondes. En 1956 ils sont 220 habitants au Soulié.

Autrefois prédominante la langue d'Oc s'efface peu à peu face au français. Ce que la centralisme royal et le jacobinisme républicain n'ont pas réussi à réaliser, les moyens modernes de communication et la télévision y sont parvenus.

Sur la guerre 14-18 et les occitans : www.chez.com/1418occitania/